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tenir tête à Dieu, cet insurgé du ciel, remuer tous les éléments, troubler la nature, appeler à lui les puissances du ciel, de la terre et de l’enfer, convoquer le sabbat, et tout cela pourquoi ? Pour faire succomber une pauvre jeune fille ignorante et pauvre, et qui a déjà Marthe pour voisine.

il n’y a pas dans Faust une seule parole réellement amoureuse. On voit bien que ce Faust était un vieillard rajeuni par le diable ; on sent bien que Gœthe n’a jamais eu de cœur. Don Juan, à la bonne heure, voilà un jeune homme dont chaque parole est comme un couplet de chanson amoureuse. Mais Faust, fi donc, c’est un cadavre embaumé par le diable : son haleine sent la myrrhe et le naphte.

Et puis y a-t-il rien de plus absurde que cette intervention continuelle de Méphistophélès dans les passions de Faust ? Il est stupide, ce diable en livrée ; le Mascarille de Molière a plus d’esprit que lui. Le beau diable, vraiment, qui a besoin de se glisser dans le confessionnal de Marguerite et d’écouter sa confession pour savoir qu’elle est pure et innocente.

Entre Faust et Marguerite, le diable est de trop en peinture comme en poésie. Le diable, faites-le deviner, je le veux bien. Voilà une jeune fille qui