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ne m’a plus surprise que de voir Ary Scheffer, cet élégiaque esprit plein de soupirs et de tendresses, aller chercher pour thème de ses tableaux-rêves le Faust de Gœthe.

Je lisais dernièrement dans un feuilleton sur Ary Scheffer, par un écrivain dont j’aime beaucoup l’esprit sensé, je lisais cette parole très-vraie : « Tout ce qui est clair est français, tout ce qui est obscur est allemand. »

J’irai plus loin, moi qui ai la prétention d’être très-Française. Même en se plaçant au point de vue du sentiment, de la poésie, je dirai aussi : Tout ce qui est clair et vrai est français, tout ce qui est obscur est faux et allemand.

Le Faust de Gœthe est certainement un poëme remarquable, mais c’est une raillerie amère d’un bout à l’autre, et je trouve que rien n’est moins sentimental, rien n’est moins humain, rien n’est moins attendri que la poésie, que les passions, que les idées de ce drame fantastique. Je trouve surtout que rien n’était moins propre à inspirer un peintre rêveur et élégiaque.

Je n’ai pas envie d’entreprendre une critique détaillée du Faust de Gœthe, mais laissez-moi faire deux ou trois observations. Je trouve absurde de voir le diable, cet ange révolté qui a osé