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Renan sur la « nuance », avec un esprit un peu systématique, qui est bien ce qu’il y a de plus opposé à l’esprit véritable de l’auteur, esprit de système que les critiques et le public, sans parler de leurs interprétations erronées, ont encore exagéré, ces livrés pouvaient égarer légèrement sur le compte de Mlle Key ; en fait ils laissent d’elle une idée assez fausse et fort incomplète. Le livre De l’Amour et du Mariage, dont l’apparition coïncida avec celle d’un ouvrage spirituel et amusant de M. Léon Blum, fut jugé comme une apologie de l’amour libre, même de l’union libre, comme l’évangile nouveau d’une morale subversive et révolutionnaire. On le prit à la fois, si j’ose dire, trop et pas assez au sérieux.

La façon naïve et hardie, hiératique et libre, avec laquelle une personne aussi pure que Mlle Ellen Key pose et résout les problèmes de l’amour n’est pas sans offrir des analogies avec celle qui scandalisa quelque-fois dans la vieillesse d’Ernest Renan. Il s’y mêle, chez la femme écrivain suédoise, avec plus de candeur et de gravité religieuse, des préoccupations d’éducatrice morale, des intentions de propagandiste généreuse tout à fait étrangères à l’auteur de l’Abbesse de Jouarre et des Feuilles détachées. Mais si c’est se tromper beaucoup que de voir en elle