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Celui-ci répondit de façon à faire supposer à Mme de Kerigant qu’il ne serait pas éloigné d’en finir, et d’en finir d’une manière bienveillante, avec une affaire dont la durée avait été déjà trop longue et avait attiré des désagréments à l’autorité. Quant à lui, dit-il, il était disposé à y mettre un terme.

Ma mère, en le remerciant, lui répliqua que la reconnaissance des prisonniers ne se bornerait pas à des paroles : ils seraient heureux, continua-t-elle, de lui offrir un don, il le fixerait lui-même.

Après quelques phrases banales, une rançon de vingt-quatre mille francs fut convenue : dix-huit mille devaient être versés contre l’ordre de mise en liberté ; les six mille autres ultérieurement.

Le lendemain, ma mère, accompagnée de la même personne et de mon frère aîné, alors âgé de sept à huit ans, compta au président dix-huit mille francs en or. Celui-ci, en échange, lui donna, signé par tous ses collègues, l’ordre de mise en liberté des neuf détenus compromis dans le procès de ma famille.

Ces prisonniers étaient, on se le rappelle, M. et Mme Le Gris du Val ; M. de Kerigant et son domestique, Jean Lecoq ; Hidriot, dit Capel ; Villemain père et les deux domestiques de Mme Le Gris, Jeanne et Marie Chantard. Il y avait encore en ce moment,