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de portée, trois hommes montant tranquillement, ils ne cherchèrent pas à les poursuivre et retournèrent à Kerigant. Craignant d’être surpris, ils en partirent promptement, après avoir saccagé et pillé la maison, où ils laissèrent leur blessé.

Quant à M. Le Gris du Val, il lui fut impossible de dire pendant combien de temps il était resté dans cette situation terrible, et comment il avait pu sortir de l’eau. Il fut appris pourtant qu’une femme du village de Kerdeno, situé à un kilomètre, le trouva, presque inanimé, sur le bord de la rivière. L’ayant reconnu et entendant le bruit des coups de fusil, elle courut en toute hâte à Kerigant, d’où l’on vint immédiatement le chercher et lui donner les premiers soins exigés par le triste état dans lequel il fut relevé. Sa blessure, heureusement, n’était pas mortelle, et, grâce à l’effusion du sang qui s’était produite, elle guérit promptement.

Le républicain blessé fut aussi transporté et abandonné à Kerigant, où ma mère, par humanité comme par prudence, lui fit donner tous les soins possibles. Il resta six mois avant de pouvoir agir librement : pendant sa convalescence, il donna des leçons de lecture aux enfants du village.

Quant il fut guéri, il passa aux Chouans ; mais il les trahit lâchement, comme on le verra plus loin.