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M. du Boishardy, de taille moyenne, dans la force de l’âge, instruit, très adroit chasseur, habile à tous les exercices du corps, parlant facilement, avait tout ce qu’il faut pour exercer de l’ascendant sur les courageuses populations rurales des Côtes-du-Nord. Il joignait à ces qualités, au dire de ses contemporains, un caractère ferme et chevaleresque, aventureux au besoin.

Dans un moment où presque tous s’inclinaient déjà sous la Terreur, il fallait, pour relever les courages et les soutenir à la hauteur des circonstances, un homme sachant braver le danger et inspirer la confiance. Personne, dans le pays, n’était plus apte à remplir ce rôle que M. du Boishardy.

Il l’accepta avec une énergie qui ne se démentit jamais. Au plus fort de la guerre civile, il allait, déguisé en paysan, vendre des œufs sur les marchés des villes. Là, il donnait des ordres à ceux qui les fréquentaient encore ; il relevait les cœurs, les poussait à défendre la religion et la liberté contre des hommes soudoyés la plupart du temps, ou du moins abusés par les énergumènes qui, après s’être emparés du pouvoir aux jours d’anarchie, voulaient le conserver envers et contre tous. Il faisait remarquer aux cultivateurs le désordre effroyable dont ils étaient les témoins attristés ; il les excitait à ne pas souf-