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les citoyens à arrêter mon père et ses deux amis, « morts ou vifs, »[sic] ces deux mots y étaient bien inscrits. Nous lûmes, je le répète, ma mère et moi, cette affiche au milieu d’un groupe où nous étions absolument inconnus. Pourquoi ces violences ? Est-ce que ces Messieurs pouvaient être responsables du malheur dont Pommerit-le-Vicomte avait été le théâtre ? Qu’avait fait mon père ? Depuis quinze ans il vivait soumis aux lois, sans avoir jamais donné lieu à aucun reproche.

Ma mère se hâta de regagner notre demeure. En y arrivant, elle apprit aussitôt que mon père, retiré à Kerigant, avait été prévenu et se trouvait en sûreté. Cependant, quelques jours après mon retour, l’autorité révolutionnaire, ne sachant jamais s’arrêter dans la tyrannie, avertit ma famille que si elle ne me reconduisait à La Flèche, j’y serais ramené de brigade en brigade. Ma mère alors m’envoya, secrètement, pensionnaire à une petite école située dans l’intérieur du pays, commune de Saint-Caradec, arrondissement de Loudéac, à très peu de distance du bourg du Quilio, canton d’Uzel, où habitait un de mes oncles.

À partir de ce moment, mon père, sans quitter précisément Kerigant, se tint sur ses gardes ; il était persuadé qu’on ne pourrait l’y surprendre. Je possède