Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/158

Cette page n’a pas encore été corrigée

aimant leur pays, tous les législateurs intelligents doivent tendre à ce but.

L’empereur Napoléon Ier, au génie duquel je rends justice, a fait de grandes choses ; mais si ses victoires ont ébloui ma jeunesse, mon âge mûr m’a fait reconnaître que c’était là, pour l’histoire nationale, une ornementation beaucoup plus lugubre que profitable. Je lui en veux autant pour le bien qu’il pouvait faire et qu’il n’a pas fait que pour le mal qu’il nous a causé, et dont les tristes effets se perpétuent au milieu de nous.

Il faut, à mes yeux au moins, autre chose que des batailles, des victoires même pour faire un grand homme. Je préfère le labeur de beaucoup de fondateurs de la société française à celui de Napoléon.

Les observations qui précèdent ne sont peut-être pas aussi étrangères à mon sujet que certains pourraient le croire, car une partie des malheurs dont je viens de faire le récit ont été la conséquence des fausses idées contre lesquelles je proteste, et contre lesquelles je sollicite depuis longtemps mon pays de réagir, s’il ne veut pas être définitivement entraîné à une irrémédiable décadence[1].

Pendant le premier Empire, mon père et ma famille

  1. La Liberté de la France, publiée en 1865, chez M. Dentu, éditeur, Palais-Royal.