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M. le préfet des Côtes-du-Nord par une lettre ou une longue note dans laquelle il refuse le don qu’on veut bien lui offrir, et il énumère succinctement ce qu’il a souffert et quelle était sa situation. Je reproduis deux extraits de cette lettre, parce qu’ils confirment ce que j’ai dit plus haut. « … Nous employâmes l’or et l’argent pour gagner nos juges : ils acceptèrent tout ; mais, malgré cela, ils nous condamnèrent, Le Gris à Mort, moi, Mme Le Gris et mon domestique Jean Le Coq à la déportation. Cependant, à force d’or et d’argent encore, notre famille nous tira de prison (rançon des 18,000 francs), quoique pourtant la procédure existât toujours et que nos têtes fussent mises à prix. Mme Le Gris fut reprise et conduite à Paris. Quant à moi, je reçus l’ordre de mes chefs de me rendre du côté de Dinan, et on me donna un brevet de chef de division. Je me rendis à ma destination. Je n’avais ni soldats, ni armes, ni argent. J’aliénai ma fortune, je vendis du bois de dessus mes terres ; mon père me donna des avances à valoir à mes droits successifs. Je vins à bout de former ma division, une des plus considérables des cinq divisions des