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     En la forest d’ennuyeuse tristesse,
     Un jour m’aduint qu’à par moi cheminoye,
     Si rencontray l’amoureuse déesse,
     Qui m’appela 9 demandant où j’alloye ;
     Je respondy, que par Fortune estoye
     Mis en exil en ce bois long-temps a,
     Et qu’à bon droit appeller me pouuoye,
     L’homme esgaré qui ne scait où il va.
                    Ф
     En sousriant par si très grant Jiumblesse 9
     Me respondy, amy, se je scavoye
     Pourquoi tu es mis en ceste détresse ,
     De mon pouuoir vouloniiers t’adderoye ;
     Car ja pieça mis ton cuer eh voye
     De tout plaisir ; ne scay qui. l’en osta.
     Or me desplais qu’à, présent je te voye,
     If homme esgart qui ne scait où il va* - -
                    Ф
     Helas ! dis-je, soûùeraïne princesse,
     Mon fait scaués ; pourquoi vous le’diroye ?
     C'est par la mort qui’ fait à tous rudesse.
     Qui m’a toliu celle que tant amoye,
     En qui estoit tout Fespoir que j’auoye ;
     Qui me guydôit, si bien m’accompaigna
     En son vivant, que point ne me trouuoye,
     L’homme esgdrë qui ne scait ou il va*
                    Ф
               Envoy.
     Aueugle suis, ne scay ou aller doye ;
     De mon baston, afin que né foruoye,
     Je vais ta* ta rit mon chemin ta et là* ;
     C’est grant pitié qu’il convient que je soye*
     L’homme esgaré qui ne scait où il va.