la plus malheureuse, en ce qu’il ne lui reste plus rien pour la consoler. Des autres, dit-elle, l’une a la gloire de son amant, dont elle conserve le souvenir ; la seconde sait que son ami captif a fait acheter sa liberté aux ennemis ; l’autre peut voir revenir le sien triomphant ; et moi, j’aimerois mieux la mort de celui que j’ai aimé, que son déshonneur. Alain suppose qu’il écoute le débat de ces dames, et qu’il leur propose de s’en rapporter à l’avis de la dame qu’il aime.
Il m’est commis que je demande
Votre advis, belle,
D’une question bien nouvelle,
Dont en ce livre la querelle
J’ai mie en rime telle qu’elle.
Au long escripte ;
Et se je bien ne la récite
Comme elle a été dicte,
Ignorance m’en fasse quitte.
Or la lisiez,
S’il vous plaist, afin que disiez
De bouche, ou au moins escripsiez,
Laquelle plus triste esliziez,
Des quatre amantes,
Dames bonnes, belles, scauantes,
Qui sont tristes et desplaisantes,
Et de leur debat requerantes
Votre sentence
L’abbé Goujet observe avec raison qu’il n’étoit pas difficile de faire des milliers de vers ainsi tournés.