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Alain-Chartier, l’un des plus beaux esprits de son temps, étoit secrétaire de Charles VI ; il le fut ensuite de Charles VII. Il avoit environ vingt-cinq ans lorsque Christine de Pisan mourut, si, comme le croit l’abbé Goujet, elle est morte après 1411, et vraisemblablement il mourut âgé d’environ 77 ans ; car Jean Regnier de Guerchy, qui ne vécut pas au-delà de 1463, rapporte une chanson qu’il lui attribue, et parle de lui comme étant mort. Duchesne et Pasquier prétendent qu’il ne vécut que jusqu’en 1458 ; Pasquier s’étoit fondé sur l’histoire de Charles VII, qu’on lui a long-temps attribuée, et qui finit à cette époque ; mais l’abbé Goujet, exact dans ses recherches, a découvert que cette histoire n’étoit point d’Alain-Chartier, mais d’un nommé Berry, hérault d’armes, ou, selon d’autres, de Gilles Bouvier. On sait la faveur que lui accorda la princesse Marguerite d’Écosse, femme de Louis XI ; un poëte plus moderne adressa ce sonnet à Mathieu Molé, procureur-général au parlement de Paris, duquel on supposoit, avec Duchesne, qu’Alain avoit été l’un des ancêtres.

Qui ne scait des Chartiers l’autorité tenue,
En l’église, à la cour, ès lettres, au barreau,
Ignore notre histoire, et est comme nouveau
De chose plus insigne en la France aduenue.