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rieurs. Ceux d’entre eux qui sont conseillers des princes, sont, à leurs yeux, flatteurs et soumis, durs et injustes vis-à vis des pauvres, et tyrans du foible opprimé, par leur despotisme et leur avidité : ceux à qui l’éducation des rois est confiée, ont aussi leur lot. Le même caractère les conduit à les corrompre pour leur profit et pour le malheur des peuples ; elle passe en revue les juges clercs et laïques, les savans, les financiers, et ne fait de grâce à aucun état ; par-tout elle peint les hommes, que leur caractère a rendus esclaves de la fortune, prêts à tout sacrifier pour elle. Christine avoit bien lu l’histoire, et bien observé la société.

Elle s’arrête ensuite sur les infortunes des femmes qui, n’étant mariées ou ne se mariant elles-mêmes que par intérêt, tombent souvent volontairement ou involontairement dans tous les dangers qui suivent un mauvais choix ; elle n’oublie pas le malheur irréparable de perdre ce qu’elles aiment, lorsque le hasard, l’expérience et la bonté de leurs parens les ont bien assorties. Cette séparation éternelle, que les regrets et le désespoir ne peuvent adoucir, que rien ne peut réparer, les humiliations qui s’ensuivent, la perte de la fortune, les procès, l’éducation et l’établissement des enfans, tourmens inséparables de la condition d’une veuve, se trouvent d’autant mieux détaillés, qu’ils étoient mieux sentis par la triste veuve d’Etienne du Castel.