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Elle vient à ce qui la regarde personnellement pour sa naissance, son sexe et son enfance. Son père avoit beaucoup d’envie d’avoir un fils, mais les règles infaillibles de son astrologie le trompèrent, et, la nature refusant de les seconder, sa femme lui donna une fille, dont l’astrologue se contenta par force, et ne l’en aima pas moins tendrement.

     Sy fus comme fille nommée,
     Et Bien nourrie et bien amée.
     De ma mère à joyeuse chiere ;
     Qui tant m'ama et tant fut chiere,
     Qu’elle même m'allaita,
     Aussitost que elle m’enfanta ;
     Et doulcement en mon enfance
     me tint, et par elle et croissance.
     Lors n’auois cure ne soing,
     Ne il ne m’en estoit besoing,
     Fors de jouer, selon l’usaige,
     Auec les enfans de mon aage.


Elle ajoute que cependant, quoique fille, elle devoit hériter des trésors de son père, et que si elle eut eu plus d’expérience et de savoir dans sa fraische jeunesse, elle ne les auroit pas tous perdus comme elle le fit, et n’auroit pas été réduite à

     Des racleures et des paillettes,
     Des petits deniers et des maillettes,
     Restés de la très grant richesse.
     Dont il auoit à très grant largesse.