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Il écrivoit tout ce que ses idées lui fournissaient, ne savoit circonscrire aucunes bornes autour de sont sujet, et divaguoit perpétuellement, ne songeant à revenir à la chose essentielle qu’après de longs détours et des promenades, au milieu desquelles l’esprit égaré oublioit sa véritable route, et sembloit ramené à de nouvelles idées, lorsque l'auteur s'avisoit enfin de revenir lui-même à la première. Aussi les ouvrages de ce siècle sont-ils d’une extrême longueur ; il falloit alors des volumes énormes pour dire ce qu’on a quelquefois exprimé depuis dans de simples brochures. S’il faut parler vrai, Christine, ayant reçu de la nature un véritable génie, s’éleva quelquefois au-dessus des défauts de son siècle, et quoiqu’on juge aisément du défaut de plan et d’ensemble de ses nombreux ouvrages, on remarque aisément qu’elle s’écarta moins que les autres de l’objet de ses écrits. Elle lie rarement au sujet des idées incohérentes et hors de propos ; et si l’on en excepte la longueur qu’exigeoient alors les tournures embrouillées de la langue, et l’embarras de développer ses pensées dans un style traînant et prolixe, elle a su allier beaucoup de dignité, de noblesse et de chasteté, qualités rares alors, excepté dans les Epitres sur le roman de la Rose, où elle a glissé des expressions et des applications grossières. Il en faut accuser l’animosité avec laquelle elle écrivoit ces