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tiers le travail et la douleur, et que vous ne redouteriez aucune austérité.

Mais parce que ces vérités ne pénètrent point jusqu’au cœur, et que nous aimons encore ce qui nous flatte, nous demeurons froids et négligents.

6. Souvent c’est langueur de l’âme, si notre chair misérable se plaint si aisément.

Priez donc humblement le Seigneur qu’il vous donne l’esprit de componction, et dites avec le Prophète : Nourrissez-moi, Seigneur, du pain des larmes, abreuvez-moi du calice des pleurs[1].

RÉFLEXION.

La douleur est le fond de la vie humaine. Souffrances du corps, maladies de l’âme, inquiétudes, afflictions, péché, tel est l’accablant fardeau qu’il nous faut porter, depuis notre naissance jusqu’à la tombe ; et cependant, à force de travail, l’homme parvient à découvrir, au milieu de ses misères, je ne sais quelles joies insensées dont il s’enivre avidement. Fuyons ces folles joies du monde : arrêtons notre pensée sur le châtiment qui les doit suivre, sur nos fautes si multipliées ; et demandons à Dieu, avec la componction du cœur, ce repentir plein d’amour, ces heureuses larmes que Jésus a bénies par ces consolantes paroles : Beaucoup de péchés vous sont remis, parce que vous avez beaucoup aimé[2].


CHAPITRE XXII.

DE LA CONSIDÉRATION DE LA MISÈRE HUMAINE.

1. En quelque lieu que vous soyez, de quelque côté que vous vous tourniez, vous serez misérable, si vous ne re venez vers Dieu.

Pourquoi vous troubler de ce que rien n’arrive comme vous le désirez et comme vous le voulez ? A qui est-ce que tout succède selon sa volonté ? Ni à vous, ni à moi, ni à aucun homme sur la terre.

  1. Ps. lxxix, 6.
  2. Luc vii, 47.