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3. N’attirez pas à vous les affaires d’autrui ; et ne vous embarrassez point dans celles des grands.

Que votre œil soit ouvert sur vous d’abord ; et avant de reprendre vos amis, ayez soin de vous reprendre vous-même.

Si vous n’avez point la faveur des hommes, ne vous en attristez point ; mais que votre peine soit de ne pas vivre aussi bien et avec autant de vigilance que le devrait un serviteur de Dieu et un bon religieux.

Il est souvent plus utile et plus sûr de n’avoir pas beaucoup de consolation en cette vie, et surtout de consolations sensibles.

Cependant, si nous sommes privés des consolations divines, ou si nous ne les éprouvons que rarement, la faute en est à nous, parce que nous ne cherchons point la componction du cœur, et que nous ne rejetons pas entièrement les vaines consolations du dehors.

4. Reconnaissez que vous êtes indigne des consolations célestes, et que vous méritez plutôt de grandes tribulations.

Quand l’homme est pénétré d’une parfaite componction, le monde entier lui est alors amer et insupportable.

Le juste trouve toujours assez de sujets de s’affliger et de pleurer.

Car, en considérant, soit lui-même, soit les autres, il sait que nul ici-bas n’est sans tribulation ; et plus il se regarde attentivement, plus profonde est sa douleur.

Le sujet d’une juste affliction et d’une grande tristesse intérieure, ce sont nos péchés et nos vices, dans lesquels nous sommes tellement ensevelis, que rarement pouvons-nous contempler les choses du ciel.

5. Si vous pensiez plus souvent à votre mort qu’à la longueur de la vie, nul doute que vous n’auriez plus d’ardeur pour vous corriger.

Et si vous réfléchissiez sérieusement aux peines de l’Enfer et du Purgatoire, je crois que vous supporteriez volon-