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l’amour de la retraite, une attention constante sur ses paroles, ses pensées, ses sentiments, la fidélité aux plus légers devoirs et aux plus humbles pratiques, préservent de grandes tentations, et attirent les grâces du Ciel. Celui qui néglige les petites choses, tombera peu à peu[1], dit l’Esprit-Saint.


CHAPITRE XX.

DE L’AMOUR DE LA SOLITUDE ET DU SILENCE.

1. Cherchez un temps propre à vous occuper de vous même ; et pensez souvent aux bienfaits de Dieu.

Laissez là ce qui ne sert qu’à nourrir la curiosité. Lisez plutôt ce qui touche le cœur que ce qui amuse l’esprit.

Retranchez les discours superflus, les courses inutiles ; fermez l’oreille aux vains bruits du monde, et vous trouverez assez de loisir pour les saintes méditations.

Les plus grands Saints évitaient, autant qu’il leur était possible, le commerce des hommes, et préféraient vivre en secret avec Dieu.

2. Un ancien a dit : Toutes les fois que j’ai été dans la compagnie des hommes, j’en suis revenu moins homme que je n’étais[2].

C’est ce que nous éprouvons souvent, lorsque nous nous livrons à de longs entretiens.

Il est plus aisé de se taire que de ne point excéder dans ses paroles.

Il est plus aisé de se tenir chez soi caché, que de se garder de soi-même suffisamment au dehors.

Celui donc qui aspire à la vie intérieure et spirituelle doit se retirer de la foule avec Jésus.

Nul ne se montre sans péril, s’il n’aime à demeurer caché.

Nul ne parle avec mesure, s’il ne se tait volontiers.

Nul n’est en sûreté dans les premières places s’il n’aime les dernières.

  1. Job. vii, 1.
  2. Senec. ep. vii.