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fortune, de la grâce même, abusant ainsi à la fois des dons du Rédempteur. Oh ! que ce désordre est effrayant et combien nous devons trembler lorsque nous découvrons en nous un sentiment de vaine complaisance, ou qu’il nous arrive de nous préférer à l’un de nos frères ! Rappelons-nous souvent le pharisien de l’Évangile, sa fausse piété, si contente d’elle-même et si coupable devant Dieu, son mépris pour le publicain qui s’en alla justifié à cause de l’humble aveu de sa misère, et disons au fond du cœur avec celui-ci : Mon Dieu, ayez pitié de moi pauvre pécheur[1] !


CHAPITRE VIII.

ÉVITER LA TROP GRANDE FAMILIARITÉ.

1. N’ouvrez pas votre cœur à tous indistinctement[2] ; mais confiez ce qui vous touche à l’homme sage et craignant Dieu.

Ayez peu de commerce avec les jeunes gens et les personnes du monde.

Ne flattez point les riches, et ne désirez point de paraître devant les grands.

Recherchez les humbles, les simples, les personnes de piété et de bonnes mœurs ; et ne vous entretenez que de choses édifiantes.

N’ayez de familiarité avec aucune femme ; mais recommandez à Dieu toutes celles qui sont vertueuses.

Ne souhaitez d’être familier qu’avec Dieu et les Anges, et évitez d’être connu des hommes.

2. Il faut avoir de la charité pour tout le monde ; mais la familiarité ne convient point.

Il arrive que, sans la connaître, on estime une personne sur sa bonne réputation : et en se montrant, elle détruit l’opinion qu’on avait d’elle.

Nous nous imaginons quelquefois plaire aux autres par nos assiduités ; et c’est plutôt alors que nous commençons à leur déplaire par les défauts qu’ils découvrent en nous.

  1. Luc. xviii 13.
  2. Eccli. viii, 22.