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cessaire, pour s’appliquer curieusement à ce qui nuit. Nous avons des yeux, et nous ne voyons point.

2. Que nous importe ce qu’on dit sur les genres et sur les espèces ?

Celui à qui parle le Verbe éternel est délivré de bien des opinions.

Tout vient de ce Verbe unique : de lui procède toute parole, il en est le principe, et c’est lui qui parle en dedans de nous[1].

Sans lui nulle intelligence ; sans lui nul jugement n’est droit.

Celui pour qui une seule chose est tout, qui rappelle tout à cette unique chose, et voit tout en elle, ne sera point ébranlé, et son cœur demeurera dans la paix de Dieu.

Ô vérité, qui êtes Dieu, faites que je sois un avec vous dans un amour éternel.

Souvent j’éprouve un grand ennui à force de lire et d’entendre : en vous est tout ce que je désire, tout ce que je veux.

Que tous les docteurs se taisent : que toutes les créatures soient dans le silence devant vous : parlez-moi vous seul.

3. Plus un homme est recueilli en lui-même et dégagé des choses extérieures, plus son esprit s’étend et s’élève sans aucun travail, parce qu’il reçoit d’en haut la lumière de l’intelligence.

Une âme pure, simple, ferme dans le bien, n’est jamais dissipée au milieu même des plus nombreuses occupations, parce qu’elle fait tout pour honorer Dieu, et que, tranquille en elle-même, elle tâche de ne se rechercher en rien.

Qu’est-ce qui vous fatigue et vous trouble, si ce n’est les affections immortifiées de votre cœur ?

4. L’homme bon et vraiment pieux dispose d’abord au dedans de lui tout ce qu’il doit faire au dehors : il ne se laisse point entraîner, dans ses actions, au désir d’une

  1. Joan. viii, 25.