Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Appliquez-vous donc à détacher votre cœur de l’amour des choses visibles, pour le porter tout entier vers les invisibles.

Car ceux qui suivent l’attrait de leurs sens souillent leur âme et perdent la grâce de Dieu.

RÉFLEXION.

Nous n’avons ici-bas qu’un intérêt, celui de notre salut[1], et nul ne peut être sauvé qu’en Jésus-Christ et par Jésus-Christ[2] ; la foi en sa parole, l’obéissance à ses commandements, l’imitation de ses vertus, voilà la vie, il n’y en a point d’autre : tout le reste est vanité, et j’ai vu, dit le Sage, que l’homme n’a rien de plus de tous les travaux dont il se consume sous le soleil[3] : richesses, plaisirs, grandeurs, qu’est-ce que cela, lorsqu’on jette le corps dans la fosse, et que l’âme s’en va dans son éternité ? Pensez-y dès aujourd’hui, dès ce moment même, car demain, peut-être, il ne sera plus temps. Travaillez pendant que le jour luit : hâtez-vous d’amasser un trésor qui ne périsse point[4] : la nuit vient où l’on ne peut rien faire[5]. De stériles désirs ne vous sauveront pas ; ce sont des œuvres que Dieu veut. Or donc, imitez Jésus, si vous voulez vivre éternellement avec Jésus.


CHAPITRE II.

AVOIR D’HUMBLES SENTIMENTS DE SOI-MÊME.

1. Tout homme désire naturellement de savoir : mais la science sans la crainte de Dieu, que vaut-elle ? Un humble paysan qui sert Dieu, est certainement fort au-dessus du philosophe superbe qui, se négligeant lui-même, considère le cours des astres.

Celui qui se connaît bien se méprise et ne se plaît point aux louanges des hommes.

Quand j’aurais toute la science du monde, si je n’ai pas

  1. Luc. x, 42.
  2. Act. iv, 12.
  3. Eccle. i, 3.
  4. Matth. vi, 20.
  5. Joan, ix, 4.