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des pleurs d’amour, et d’arroser vos pieds de mes larmes comme Madeleine !

Mais où est cette tendre piété, et cette abondante effusion de larmes saintes ?

Certes, en votre présence et celle des saints Anges, tout mon cœur devrait s’embraser et se fondre de joie.

Car vous m’êtes véritablement présent dans votre Sacrement, quoique caché sous des apparences étrangères.

2. Mes yeux ne pourraient supporter l’éclat de votre divine lumière, et le monde entier s’évanouirait devant la splendeur de votre gloire.

C’est donc pour ménager ma faiblesse que vous vous cachez sous les voiles du Sacrement.

Je possède réellement et j’adore celui que les Anges adorent dans le ciel : mais je ne le vois encore que par la foi, tandis qu’ils le voient tel qu’il est et sans voile.

Il faut que je me contente de ce flambeau de la vraie foi, et que je marche à sa lumière, jusqu’à ce que luise l’aurore du jour éternel, et que les ombres des figures déclinent[1].

Mais quand ce qui est parfait sera venu[2], l’usage des Sacrements cessera, parce que les bienheureux, dans la gloire céleste, n’ont plus besoin de secours.

Ils se réjouissent sans fin dans la présence de Dieu, et contemplent sa gloire face à face ; pénétrés de sa lumière et comme plongés dans l’abîme de sa divinité, ils goûtent le Verbe de Dieu fait chair, tel qu’il était au commencement et tel qu’il sera durant toute l’éternité.

3. Qu’au souvenir de ces merveilles, tout me soit un pesant ennui, même les consolations spirituelles ! car tant que je ne verrai point le Seigneur mon Dieu dans l’éclat de sa gloire, tout ce que je vois, tout ce que j’entends en ce monde ne m’est rien.

Vous m’êtes témoin, Seigneur, que je ne trouve nulle

  1. Cant. ii, 17.
  2. I Cor. xiii, 10.