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sidérer les caractères qui le distinguent immuablement, et forment comme le sceau divin dont il fut marqué à son origine. Et d’abord il est un : de même qu’il n’y a qu’un Dieu, il n’y a qu’un Médiateur de Dieu et des hommes, Jésus-Christ[1], apôtre et pontife de notre foi[2], toujours vivant pour intercéder en notre faveur[3]. Tout prêtre, dans l’exercice de ses célestes fonctions, représente Jésus-Christ, ou plutôt est Jésus-Christ même, qui seul opère véritablement ce qu’annoncent les paroles et les actes de son ministre, seul lie et délie, seul dispense la grâce, seul immole et offre à son Père la victime de propitiation, qui est une aussi ; car Jésus entrant par son sang une seule fois dans le Saint des saints, a consommé la rédemption éternelle[4]. Ainsi un sacrifice, un prêtre, un sacerdoce, qui, dans son immense hiérarchie, n’est que le Pontife invisible des biens futurs[5], est multiplié visiblement sur tous les points de la terre, pour y continuer sa grande mission jusqu’à la fin des siècles[6]. Et non seulement le sacerdoce est un, il est encore universel ; car tous les peuples ont été donnés en héritage à Jésus-Christ[7], et depuis le lever du soleil jusqu’au couchant, en tous lieux le sacrifice doit être accompli et l’offrande pure présentée au Seigneur[8]. Il est éternel ; car, de toute éternité, Dieu a dit au Christ : Tu es mon fils, je t’ai engendré aujourd’hui : et encore : Tu es prêtre éternellement selon l’ordre de Melchisédech[9]. Il est saint ; car il convenait que nous eussions un tel Pontife, saint, pur, sans tache, séparé des pécheurs, et élevé au-dessus des cieux[10] ; et les démons mêmes, vaincus par celui qui possède le sacerdoce éternel[11], lui ont rendu ce témoignage : Je sais qui vous êtes, le Saint de Dieu[12]. Oh ! qu’elle est élevée, qu’elle est sublime la dignité du prêtre ! mais aussi qu’elle est redoutable ! Associé à la puissance de Jésus Christ Pontife, dans l’unité de son sacerdoce, ministre avec lui et en lui du sacrifice de la Croix renouvelé chaque jour sur l’autel, d’une manière non sanglante ; distributeur du pain de vie, du corps et du sang du Rédempteur, sur lesquels il lui a été donné pouvoir ; revêtu de la mission du Fils de Dieu pour le salut du monde, ses devoirs sont proportionnés à une si haute vocation, et c’est à lui surtout qu’il est dit : Soyez saint, parce que moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint[13]. Pauvre pécheur, si faible, si languissant, si infirme, comment pourrai-je m’élever, ô Jésus ! à la sainteté que vous exigez de moi ? Je tremble à cette pensée, et je perdrais toute

  1. Tim. ii, 5.
  2. Hebr. iii, 1.
  3. Hebr. vii, 25.
  4. Hebr. ix, 12 ; vii, 27.
  5. Hebr. ix, 11.
  6. Matth. xxviii, 20.
  7. Ps. ii, 8.
  8. Malach. i, 11.
  9. Hebr. v, 5, 6 ; vi, 20. 10.
  10. Hebr. vii, 26.
  11. Hebr. vii, 24.
  12. Marc. i, 24.
  13. Levit. xix, 2.