une grande frayeur l’arrête : car, hélas ! que suis-je pour oser m’approcher de mon Dieu ? Quand je considère mes souillures, ma bassesse, ma misère profonde, je n’ai plus qu’un sentiment, qu’une parole : Retirez-vous de moi, parce que je suis un homme pécheur[1]. Cependant, ô Jésus ! ce sont les pécheurs que vous êtes venu appeler, et non pas les justes[2]. Et c’est pourquoi, frappant ma poitrine et implorant votre miséricorde, je me lèverai et j’irai[3] : j’irai avec une vive joie, avec un ardent amour, vers le Fils, le Verbe, splendeur de la gloire de Dieu, et figure de sa substance[4], vers le Sauveur divin qui nous purifie de nos péchés[5], qui s’incorpore à sa créature, pour l’élever jusqu’à lui ; j’irai et je dirai : Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez en moi ; mais dites seulement un mot, et mon âme sera guérie[6].
CHAPITRE II.
1. Plein de confiance en votre bonté et votre grande miséricorde, je m’approche de vous, Seigneur ; malade, je viens à mon Sauveur ; consumé de faim et de soif, je viens à la source de la vie ; pauvre, je viens au Roi du ciel ; esclave, je viens à mon Maître ; créature, je viens à celui qui m’a fait ; désolé, je viens à mon tendre consolateur. Mais qu’y a-t-il en ce misérable, qui vous porte à venir à lui ? Que suis-je pour que vous vous donniez vous-même à moi ?
Comment un pécheur osera-t-il paraître devant vous ? et comment daignerez-vous venir vers ce pécheur ?
Vous connaissez votre serviteur, et vous savez qu’il n’y a en lui aucun bien qui mérite cette grâce.
Je confesse donc ma bassesse, je reconnais votre bonté, je