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sant : Venez à moi, vous tous qui portez votre fardeau avec travail, et je vous soulagerai[1].

RÉFLEXION.

Tout ce qu’offrait de plus grand, de plus imposant, de plus saint, le culte de l’ancienne alliance, n’était qu’une légère ombre des mystères de l’homme-Dieu. David célèbre avec pompe le retour de l’arche à Jérusalem : mais cette arche était vide, elle ne renfermait pas le Sauveur du genre humain. Salomon bâtit un temple magnifique : il en fait, en présence du peuple saisi de respect, la dédicace solennelle ; des victimes sans nombre sont immolées, mais ces victimes, qu’est-ce ? de vils animaux dont le sang ne peut apaiser la souveraine Justice. Le monde demeurait dans l’attente du salut annoncé, lorsque voilà qu’au moment prédit, s’accomplissent les promesses aperçues et saluées de loin par les Patriarches, durant leur pèlerinage sur la terre[2]. Le Désiré des nations[3], le Dominateur, l’Ange de l’alliance[4], celui dont le nom est Jehovah[5], vient dans son temple[6], et le vrai sacrifice de propitiation remplace à jamais les sacrifices figuratifs[7]. Au fond du tabernacle, sous les voiles du sanctuaire repose l’Hostie toujours vivante, l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde[8]. Le même qui est assis à la droite du Père[9], est là présent, et sa voix nous appelle : Prenez et mangez, ceci est mon corps ; buvez, ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, répandu pour la rémission des péchés[10]. Mangez, ô mes amis ! Buvez, enivrez-vous, mes bien-aimés ![11] vous tous qui avez soif, venez à la source[12] dont les eaux rejaillissent dans l’éternelle vie[13]. Ceux qui, refusant de se désaltérer à cette source pure, s’en vont cherchant à l’écart des eaux furtives[14], Dieu leur prépare un breuvage assoupissant, et leurs yeux se ferment. Dans ce sommeil, il leur semble qu’ils ont faim et qu’ils mangent, et au réveil leur âme est vide. Altérés, ils rêvent qu’ils boivent, et ils se réveillent pleins de lassitude, et ils ont encore soif, et leur âme est vide[15]. Venez donc : je suis le pain de vie ; celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif[16]. Qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour[17]. Seigneur, je crois et j’adore : mon âme, haletante de désir, s’élance vers vous : et puis soudain

  1. Matth. xi, 28.
  2. Hebr., xi, 3.
  3. Agg. ii, 8.
  4. Malach. iii, 1.
  5. Jer. xxiii, 6.
  6. Malach. ii, 1.
  7. Malach. ii, 3.
  8. Joann. i, 29.
  9. Ps. cix, 1 ; Hebr. i, 3.
  10. Matth. xxvi, 27, 28.
  11. Cant. v, 1.
  12. Is. lv, 1.
  13. Joann. iv, 14.
  14. Prov. ix, 17.
  15. Is. xxix, 10, 8.
  16. Joann. vi, 35.
  17. Joann. vi, 55.