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III. TRADUCTION DE F. DE LAMENNAIS


Si nous publions cette traduction de préférence à tant d’autres, c’est qu’elle a une valeur exceptionnelle. Les appréciations suivantes montrent que nous ne sommes pas seul à porter ce jugement.

Lamennais avait l’âme chrétienne. Un de ses amis inti mes, Charles de Sainte-Foi, nous fait connaître la piété du traducteur de l’Imitation :

Il était pieux, il aimait Dieu, il le priait avec ferveur, le servait avec fidélité. Il suffisait, pour s’en convaincre, d’assister à sa messe et d’être témoin du recueillement avec lequel il la disait.

Les chants de l’église et les vieux cantiques le touchaient quelquefois jusqu’aux larmes. Jamais je n’oublierai les extases de cet homme, lorsqu’il faisait chanter à l’abbé Gerbet une mélodie que Choron avait découverte et qu’il avait adaptée à l’hymne de la Toussaint… Vous auriez vu alors la figure longue et sévère de Lamennais s’épanouir et comme se dissoudre dans un sourire triste et doux, et le feu de son regard se voiler sous un nuage humide. (Revue du Monde catholique. t. II, 438 et suiv.)

L’Imitation de Jésus-Christ ne pouvait qu’attirer Lamennais. Ce grand souffrant a cherché, goûté, senti, et fait partager ce calme ravissant, cette paix inexprimable qu’on éprouve en la lisant avec une foi docile et un humble amour.

Lorsque Lamennais fut tombé, l’anathème porté sur ses œuvres philosophiques et sociales, sembla devoir envelopper tout l’ensemble de ses écrits. Seule, sa traduction