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infortunés chargés encore de ses pesantes chaînes ; mais plaignez les en vous humiliant aux pieds de Celui qui vous a délivrées, et dont la grâce, qui ne vous était pas due, vous met en possession des seuls biens véritables. Gardez avec soin ce bon trésor que vous a confié le Père des lumières, de qui découle tout don parfait[1], et demandez-lui avec amour qu’après avoir commencé votre joie sur la terre, il la consomme un jour dans les cieux.


CHAPITRE XI.

QU’IL FAUT EXAMINER ET MODÉRER LES DÉSIRS DU CŒUR.

1. J.-C. Mon fils, il faut que vous appreniez beaucoup de choses que vous ne savez pas encore assez.

2. Le F. Quoi, Seigneur ?

3. J.-C. Vous devez soumettre entièrement vos désirs à ma volonté, ne point vous aimer vous-même, et ne rechercher en tout que ce qui me plaît.

Souvent vos désirs s’enflamment, et vous emportent impétueusement : mais considérez si cette ardeur a ma gloire pour motif, ou votre intérêt propre.

Si c’est moi que vous avez en vue, vous serez content, quoi que j’ordonne ; mais si quelque secrète recherche de vous-même se cache au fond de votre cour, voilà qui vous abat et vous trouble.

4. Prenez donc garde à ne vous pas trop attacher à des désirs sur lesquels vous ne m’avez point consulté, de peur qu’ensuite vous ne veniez à vous repentir, ou que vous éprouviez du dégoût pour ce qui vous avait plu d’abord, et que vous aviez cru le meilleur.

Car tout mouvement qui paraît bon ne doit pas être aussitôt suivi ; de même qu’on ne doit pas non plus céder sur-le-champ à ses répugnances.

Quelquefois il est à propos de modérer le zèle le plus

  1. Jacob. i, 17.