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toutes choses, parce qu’au-dessus de toutes choses il se repose dans le seul Être souverain, de qui tout bien procède et découle.

Il ne regarde pas aux dons, mais il s’élève au-dessus de tous les biens, jusqu’à celui qui donne.

L’amour souvent ne connaît point de mesure ; mais, comme l’eau qui bouillonne, il déborde de toutes parts.

Rien ne lui pèse, rien ne lui coûte ; il tente plus qu’il ne peut ; jamais il ne prétexte l’impossibilité, parce qu’il se croit tout possible et tout permis.

Et à cause de cela il peut tout, et il accomplit beaucoup de choses qui fatiguent et qui épuisent vainement celui qui n’aime point.

5. L’amour veille sans cesse ; dans le sommeil même il ne dort point.

Aucune fatigue ne le lasse, aucuns liens ne l’appesantissent, aucunes frayeurs ne le troublent ; mais, tel qu’une flamme vive et pénétrante, il s’élance vers le Ciel, et s’ouvre un sûr passage à travers tous les obstacles.

Si quelqu’un aime, il entend ce que dit cette voix.

L’ardeur même d’une âme embrasée s’élève jusqu’à Dieu comme un grand cri : Mon Dieu ! mon amour ! vous êtes tout à moi, et je suis tout à vous.

6. Dilatez-moi dans l’amour, afin que j’apprenne à goûter au fond de mon cœur combien il est doux d’aimer, et de se fondre et de se perdre dans l’amour.

Que l’amour me ravisse et m’élève au-dessus de moi-même, par la vivacité de ses transports.

Que je chante le cantique de l’amour, que je vous suive, ô mon bien-aimé, jusque dans les hauteurs de votre gloire ; que toutes les forces de mon âme s’épuisent à vous louer, et qu’elle défaille de joie et d’amour.

Que je vous aime plus que moi, que je ne m’aime moi-même que pour vous, et que j’aime en vous tous ceux qui vous aiment véritablement, ainsi que l’ordonne