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Mais notre bienheureux donnait deux avis pour sa lecture ; l’un que l’on le lût avec grand respect et comme un élixir et un consommé de l’Évangile, autrement qu’on s’exposait à faire contumelie à l’esprit de grâce ; l’autre que l’on se servît de l’adresse du R. P. Henri Sommalius, jésuite ; autrement faute de méthode, on s’embarrasserait dans sa lecture comme dans un labyrinthe, quoique très aimable labyrinthe de piété auquel c’est se trouver en Dieu que de se perdre en soi-même.

(Esprit de saint François de Sales, par l’évêque de Belley. VII. partie, sect. 7.)

Fontenelle (1657-1757).

Ce livre, le plus beau qui soit parti de la main d’un homme, puisque l’Évangile n’en vient pas, n’irait pas droit au cœur comme il fait, et ne s’en saisirait pas avec tant de force, s’il n’avait un air naturel et tendre, à quoi la négligence même du style aide beaucoup. (Vie de Corneille ; Œuvres complètes, Paris, Salmon, 1825, t. IV, p. 219).

Lamartine (1790-1869).

Je m’assieds près de la vieille table de chêne où mon père et mon grand-père se sont assis. Elle est couverte de livres froissés par eux et par moi : leur vieille Bible, un grand Pétrarque in-4o, édition de Venise, en deux énormes volumes, où ses œuvres latines, sa politique, ses philosophies, son Africa, tiennent deux mille pages et où ses immortels sonnets en tiennent sept. Parfaite image de la vanité et de l’incertitude du travail de l’homme qui passe sa vie à élever un monument immense et laborieux à sa mémoire et dont la prospérité ne sauve qu’une petite pierre pour lui faire une gloire et une immortalité. Un Homère, un Virgile, un volume de lettres de Cicéron, un tome dépareillé de Chateaubriand, de Goëthe, de Byron, tous philosophes ou poètes, et une petite imitation de Jésus-Christ, bréviaire philosophique de ma pieuse mère, qui conserve la trace de ses doigts, quelquefois de ses larmes, quelques notes d’elle, et qui contient à lui seul plus de philosophie et plus de poésie que tous ces poètes et tous ces philosophes. (Recueillements poétiques. 1839, Lettre-Préface, pag. IX et X.)