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Le monde promet peu de chose, et des choses qui passent, et on le sert avec une grande ardeur : je promets des biens immenses, éternels, et le cœur des hommes reste froid.

Qui me sert et m’obéit en toutes choses, avec autant de soin qu’on sert le monde et les maîtres du monde ?

Rougis, Sidon, dit la mer[1] ; et si tu en demandes la cause, écoute, voici pourquoi :

Pour un petit avantage, on entreprend une longue route ; et, pour la vie éternelle, à peine en trouve-t-on qui veuillent faire un pas.

On recherche le plus vil gain : on plaide honteusement quelquefois pour une pièce de monnaie ; sur une légère promesse et pour une chose de rien, on ne craint pas de se fatiguer le jour et la nuit.

Mais, ô honte ! pour un bien immuable, pour une récompense infinie, pour un honneur suprême et une gloire sans fin, on ne saurait se résoudre à la moindre fatigue.

4. Serviteur paresseux et toujours murmurant, rougis donc de ce qu’il y ait des hommes plus ardents à leur perte que tu ne l’es à te sauver, et pour qui la vanité a plus d’attrait que n’en a pour toi la vérité.

Et cependant ils sont souvent abusés par leurs espérances ; tandis que ma promesse ne trompe point, et que jamais je ne me refuse à celui qui se confie en moi.

Ce que j’ai promis, je le donnerai ; ce que j’ai dit, je l’accomplirai, si toutefois l’on demeure avec fidélité dans mon amour jusqu’à la fin.

C’est moi qui récompense les bons, et qui éprouve fortement les justes.

5. Gravez mes paroles dans votre cœur, et méditez-les profondément : car, à l’heure de la tentation, elles vous seront très nécessaires.

Ce que vous n’entendez pas en le lisant, vous le comprendrez au jour de ma visite.

  1. Is. xxiii, 4.