Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Car, lorsque la grâce de Dieu visite l’homme, alors il est pauvre et infirme, et ne semble réservé qu’aux châtiments

En cet état même, il ne doit ni se laisser abattre ni désespérer ; mais il doit se soumettre avec calme à la volonté de Dieu, et souffrir, pour l’amour de Jésus-Christ, tout ce qui lui arrive : car l’été succède à l’hiver, après la nuit revient le jour, et après la tempête une grande sérénité.

RÉFLEXION.

L’amour a fait descendre le Fils de Dieu sur la terre ; l’amour élève jusqu’à lui. Alors il s’établit entre notre âme et Jésus comme une union ravissante ; alors s’accomplit cette promesse : je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai à vous[1]. Venez donc, ô mon Jésus, venez briser les derniers liens qui m’attachent aux créatures et retardent l’heureux moment où je ne vivrai plus que pour vous. Faites que, m’oubliant moi-même, je ne voie, je ne désire que vous seul, et me repose sur votre sein comme le disciple bien-aimé, dans cente paix délicieuse que le monde ne donne pas[2], qu’il ne peut même comprendre, mais aussi que ses orages ne sauraient troubler.


CHAPITRE IX.

DE LA PRIVATION DE TOUTE CONSOLATION.

1. Il n’est pas difficile de mépriser les consolations humaines, quand on jouit des consolations divines.

Mais il est grand et très grand de consentir à être privé tout à la fois des consolations des hommes et de celles de Dieu, de supporter volontairement pour sa gloire cet exil du cœur, de ne se rechercher en rien, et de ne faire aucun retour sur ses propres mérites.

Qu’y a-t-il d’étonnant, si vous êtes rempli d’allégresse et de ferveur lorsque la grâce descend en vous ? C’est pour tous l’heure désirable.

  1. Joann. xiv, 18.
  2. Joann. xiv, 7.