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d’austéritez capables de vous faire peur, point de travaux ny de tourmens que vous ne souffrisiez volontiers si vous vous representiez vivement les peines de l’enfer ou celles du purgatoire.

Mais comme rien de tout cela ne vous entre dans l’esprit, & que vous aimez encore les douceurs de cette vie, ce n’est pas merveille que vous viviez dans une grande tiédeur, & une extrême paresse.

Ce qui fait ordinairement que la chair se plaint, c’est que l’esprit est foible.

Demandez donc humblement à Dieu l’esprit de componction, & dites-luy avec le Prophete : Donnez moy, Seigneur pour nourriture le pain de larmes, et pour breuvage mes larmes mêmes avec mesure.


CHAPITRE XXII.
De quelle importance il est de bien considerer les miseres de cette vie.

EN quelque endroit que vous soyez, de quelque côté que vous vous tourniez, vous ne trouverez que miseres, si vôtre cœur ne se porte à Dieu.

Pourquoi vous troubler, lors que les affaires n’ont pas le succès que vous souhaitez ? Qui est l’homme à qui toutes choses reüssissent selon son gré ? Cela n’arrive ny à vous, ny à moy, ny à aucun autre.