ferez vous que les autres deviennent tels que vous les voulez ?
Nous sommes bien aises que tout le monde soit exempt de vices ; & nous ne travaillons pas à nous défaire des nôtres.
Nous souhaitons que l’on corrige les autres avec la derniere rigueur ; & nous rejettons nous-mêmes toute correction.
Nous sommes scandalisez d’en voir quelques-uns qui se permettent beaucoup de choses ; & on ne peut nous refuser rien que nous n’en ayions du chagrin.
Nous donnons des regles & des preceptes aux autres pour les retenir dans leur devoir ; & ennemis de toute contrainte, nous voulons vivre à nôtre liberté.
Cela montre qu’il est rare que nous avions pour nôtre prochain autant d’indulgence que nous en avons pour nous-mêmes.
Si tous les hommes étoient parfaits, s’ils n’avoient aucun défaut, quelle occasion nous donneroient-ils d’endurer quelque chose pour l’amour de notre Seigneur ?
Chacun a son foible, & Dieu le permet ainsi, afin que l’un porte le fardeau de l’autre[1]. De cette maniere nul n’est sans fardeau. Nul aussi n’est assez fort ny assez sage pour n’avoir besoin de personne ; mais il
- ↑ Gal. 6. 2.