Mais les tentations, quoy que rudes & fâcheuses, nous sont fort utiles, puisqu’elles servent souvent à nous humilier, à nous purifier, & à nous instruire.
Tous les Saints ont beaucoup souffert, & ils ont été éprouvez en toutes manieres, & ils en ont profité.
Mais ceux qui n’ont pû soûtenir la tentation, se sont perdus malheureusement.
Il n’y a point d’Ordre si saint, point de lieu si retiré, où l’on soit à couvert des tentations, & des miseres de cette vie.
Tout homme vivant peut être tenté, parce qu’étant né avec la concupiscence, il porte toûjours en luy-même la cause de la tentation.
A peine est-on délivré d’une tentation ou d’une affliction, qu’il en survient une nouvelle ; & depuis que l’homme est décheu de l’heureux état d’innocence, il a toûjours quelque occasion de souffrir.
Plusieurs voulant se soustraire à la tentation, en ont été dans la suite plus violemment combattus.
Ce n’est pas assez de fuir pour être victorieux. Ce qui nous fait triompher de nos ennemis, c’est la patience & l’humilité.
Ceux qui se contentent de fuir l’occasion du mal, sans en ôter le principe, ne feront pas grand progrès.