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mer, & mes yeux verser des larmes de joye.

Car encore que vous vous cachiez sous les espéces du pain & du vin, je sçai néanmoins que vous y êtes véritablement présent ; je sçai qu’en vous cachant de la sorte, vous voulez ménager mes yeux, trop foibles pour supporter les rayons de votre visage : je sçai même que toutes les créatures ensemble ne pourroient soutenir l’éclat d’une Majesté infinie comme la vôtre.

C’est donc pour épargner ma foiblesse, que vous vous rendez invisible dans le Sacrement.

Je vous adore, ô mon Dieu, comme les Anges vous adorent dans le Ciel ; avec cette difference, que je ne vous vois qu’au travers d’un voile ; & par les yeux de la foi, au lieu qu’ils vous voyent clairement & à découvert.

Mais la lumiere de la foi me suffit pour me conduire ici-bas, en attendant le grand jour de l’éternité, qui dissipera toutes les ombres, & éclaircira toutes les figures.

Dans cet état de perfection consommée[1], les Sacremens ne seront plus en usage, parce que les Bienheureux, exempts pour toûjours des infirmitez humaines n’ont plus besoin de remedes.

Ils joüissent continuellement de

  1. 1 Corinth. 13. 10.