ne la troublent point ; quelques duretez & quelques injures qu’on lui puisse dire, elle n’en paroît nullement émuë, parce qu’elle a mis tout son trésor, & tout son contentement dans le Ciel, où rien ne périt.
La Nature est toujours avare, toujours plus prompte à recevoir qu’à donner, toûjours attachée à ses propres interêts.
La Grace est genereuse & liberale ; elle ne veut rien de particulier ; elle se contente de peu, & est très-persuadée qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir[1].
La Nature aime avec passion les choses creées ; elle se traite délicatement, & cherche par tout l’occasion de passer le tems en des promenades & en des conversations inutiles.
La Grace inspire l’amour de Dieu, & l’amour de la vertu ; elle renonce aux créatures ; elle fuit le monde ; elle a en horreur les desirs impurs de la chair ; elle retranche les visites, & a même honte de se montrer en public.
La Nature va souvent mendier au dehors quelque vaine consolation, ou quelque plaisir sensuel.
La Grace ne cherche à se consoler qu’en Dieu ; elle le regarde comme son souverain bien, & elle se réjouit en lui plus qu’en toutes les choses visibles.
- ↑ Act. 20. 35.