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pardonnez-moi mes offenses.

Accordez-moi quelques momens pour pleurer, avant que je passe dans cette région de tenebres, qui est le sejour de la mort.

Que demandez-vous davantage d’un miserable pecheur, que des sentimens d’humilité & de penitence ?

C’est dans un cœur qui en est vraiment penetré que naît l’esperance du pardon ; c’est-là que s’appaisent les cruels remords qui tourmentent la conscience, c’est-là que la grace, qu’on a perduë, se retrouve ; c’est-là qu’on est à couvert de la colere d’un Dieu irrité ; c’est là enfin que Dieu & l’ame penitente se rencontrent, se reconcilient, & se donnent mutuellement le baiser de paix.

Une humble & sincere contrition est pour vous, Seigneur, un sacrifice d’une odeur plus douce que celle de tous les parfums.

On peut justement la comparer à ce parfum si précieux, qui fût répandu sur vos pieds sacrez : car vous ne méprisâtes jamais un cœur véritablement contrit & humilié[1].

On peut dire aussi qu’elle est un azile contre la fureur de notre ennemi commun ; & que c’est par elle que tout ce que nous avons contracté d’impur & de vicieux, se corrige & se purifie.

  1. Psal. 50. 19.