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Si j’ai été couvert de honte & d’ignominie, c’est un bien pour moi, puisque j’ai appris à chercher ma consolation, non auprès des hommes, mais auprès de vous.

J’ai d’ailleurs conçu plus de crainte de vos jugemens secrets, sçachant que vous affligez le Juste de même que le pecheur, mais toûjours avec raison & avec justice.

Que vôtre Nom soit beni pour la grace que vous m’avez fait de ne me point épargner, de me frapper rudement, de m’accabler de douleurs & de miseres, au dedans & au dehors !

Je ne reçois nulle consolation de quelque créature que ce soit ; je n’en reçois que de vous, souverain Medecin des ames, qui blessez & qui guerissez de la même main ; qui conduisez l’homme jusques aux portes de l’Enfer, &e qui l’en retirez[1].

Il vous a plû de me châtier, mais de telle sorte que vos châtimens me servent de salutaires leçons[2].

O aimable Pere, je me remets entre vos mains ; je baisse la tête devant vous, prêt à recevoir la correction que j’ai méritée.

Frappez tant qu’il vous plaira, frappez, redoublez les coups, s’il est necessaire, pour dompter & assujettir ma volonté toûjours rebelle à la vôtre.

Donnez-moi cette pieté, & cette

  1. 1. Reg. 2. 6.
  2. Psal. 17. 36.