Ecrivez, lisez, psalmodiez, aimez la retraite, l’oraison & la pénitence, souffrez courageusement tout ce qu’il y a de fâcheux & de pénible en ce monde. Acheter la vie éternelle à ce prix, c’est l’avoir pour rien.
Un jour vous aurez la paix, & ce jour est connu à Dieu : mais il ne sera pas composé de lumiere & de ténébres comme les autres ; ce sera une lumiere éternelle & une clarté immense, dans laquelle vous jouirez d’une grande quiétude & d’un repos assuré.
Vous ne direz pas alors : Qui me délivrera de ce corps mortel ?[1] Vous ne vous écrierez pas non plus : Hélas ! que mon exil est long ![2] Car la mort qui regne à present par tout sera précipitée dans l’abime :[3] on vivra toûjours sans nulle inquiétude, pleinement content, & rempli de joye, dans la compagnie la plus charmante qui puisse être.
O si vous êtiez une fois monté dans le Ciel ! si vous aviez vû sur la tête des Bienheureux ces couronnes qui ne se flétrissent jamais ! si vous aviez bien consideré qu’elle est maintenant la gloire de ceux que le monde méprisoit si fort autrefois, & qu’il jugeoit indignes de vivre, certainement vous prendriez plaisir à vous abaisser, & vous tiendriez à plus grand bonheur d’obéïr à tous