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Dieu, quel sujet ai-je de me plaindre ? & quel reproche puis je vous faire, si vous ne m’accordez pas ma demande ?

Certainement je ne dois penser, ni dire autre chose, sinon que je ne suis rien, que je ne puis rien ; que de moi-même je n’ai rien de bon ; que je suis rempli de défauts ; que j’ai au dedans de moi un poids naturel, qui m’attire vers le néant ; qu’enfin, ô mon Dieu, si vous ne m’aidez, si vous ne me fortifiez de votre grace, je tomberai incontinent dans la tiédeur, & dans le peché.

Pour vous, Seigneur, vous êtes toûjours le même[1], toûjours également bon, juste, & saint : vous ne faites rien où l’on ne voye éclater votre bonté, & vous disposez toutes choses avec sagesse.

Mais moi, qui recule d’ordinaire beaucoup plus que je n’avance dans la voye de la perfection, je ne demeure pas long-tems en un même état, parce que je suis sujet à changer sept fois le jour.

Cependant les choses vont mieux : quand il vous plaît de m’aider. Car sans le secours d’aucun homme, vous pouvez vous seul me soûtenir & me fortifier, de sorte qu’on ne voye plus en moi d’inconstance, & que mon cœur solidement affermi, je repose éternellement en vous.

  1. Psal. 101. 13.