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quand vous en serez venu à la pratique, vous comprendrez mieux que jamais quelle en est la necessité.

Le Disciple.

Seigneur, ce que vous me dites n’est pas l’ouvrage d’un jour, ni l’effet d’une vertu de novice. Tout ce que la vie religieuse a de plus parfait, y est renfermé.

Le Maistre.

Mon fils, vous ne devez point vous rebuter, ni perdre courage, quand vous entendez parler de la plus sublime perfection : au contraire vous devez vous efforcer d’y atteindre, ou en concevoir du moins le desir.

O que vous seriez heureux, si vous y êtiez parvenu, & qu’ayant vaincu l’amour propre, vous n’eussiez plus d’autre volonté que la mienne ; & celle du Superieur qui vous gouverne en ma place ! je serois alors pleinement content de vous, & vous passeriez toute vôtre vie dans la joye & dans la paix.

Il vous reste encore beaucoup de choses à quitter ; & si vous ne n’en faites un sacrifice, vous ne joüirez jamais du repos que vous desirez.

Je vous conseille d’acheter de moi de l’or affiné par le feu, pour vous enrichir[1]. Cet or si pur est la Sagesse celeste, qui foule aux pieds toutes les choses d’ici-bas.

  1. Apoc. 3. 18.