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ses, d’estimer fort un grand bien, qui n’est pas le bien souverain, le bien immense & éternel.

Tout ce qui est hors de Dieu, n’est rien, & il faut le compter pour rien.

Il y a bien de la difference entre la sagesse toute divine d’un Saint, éclairé d’en haut, & la science d’un Docteur, qui doit ses lumieres à son étude & à son esprit.

Les connoissances qui viennent immédiatement de Dieu, sont incomparablement plus nobles que toutes celles qu’on peut acquerir par son travail.

Plusieurs aspirent à la contemplation : mais il y en a très-peu qui veüillent faire ce qu’il faut pour y parvenir.

Un des grands obstacles qu’ils y trouvent, & qu’ils y mettent eux mêmes, c’est qu’accoûtumez à s’arrêter aux choses sensibles, ils travaillent peu à la parfaite mortification du cœur.

Je ne sçai ce que c’est que de nous, ni quel est l’esprit qui nous fait agir, ni ce que nous prétendons : nous sommes en réputation de gens dévots & spirituel, & neanmoins nous avons peu de recueillemenr : nous ne pensons presque point à nôtre interieur ; toutes nos pensées, tous nos soins, tous nos travaux sont pour des choses viles & passageres.