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Car ceux qui aiment à satisfaire leur sensualité, soüillent leur conscience, & perdent la grace.


CHAPITRE II.
Qu’il faut avoir un bas sentiment de soi-même.

Tout homme desire naturellement de sçavoir : mais de quelle utilité est la science, sans la crainte de Dieu ?

Certainement un païsan humble & craignant Dieu, vaut mieux qu’un superbe Philosophe, qui au lieu de penser à soy, perd le temps à considerer le Ciel & les astres.

Quiconque se connoît à fond, n’a que du mépris pour lui-même, & ne peut souffrir qu’on le louë.

Si j’avois toute la science possible, & que je n’eusse pas la charité, de quoy me serviroit cela devant Dieu, qui me jugera selon mes œuvres ?

N’ayez point trop de passion de tout sçavoir : car un esprit trop curieux est toûjours fort dissipé, & sujet à beaucoup d’erreurs.

Les gens de Lettres sont bien aises d’être connus, & en reputation de Sçavans.

Il y a une infinité de choses qu’il est inutile, ou peu necessaire à l’ame de sçavoir.

Celui qui s’applique à quelque autre chose qu’à ce qui peut contribuer à son salut, est dans une grande illusion.