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sans cesse à combattre contre moi-même, & je suis las de vivre dans cet état.

Le principal fruit que j’en puis tirer, est de mieux connoître mon peu de vertu, & de voir que les méchantes pensées entrent beaucoup plus facilement dans mon esprit, qu’elles n’en sortent.

O Dieu d’Israël, Dieu Tout-puissant, zelateur des ames fidéles, quand daignerez-vous regarder vôtre serviteur en l’extrême peine où il est ? assistez-le dans ses besoins, favorisez-le dans ses entreprises.

Fortifiez-le tellement par vôtre grace, qu’il ne se laisse pas dominer par le vieil-homme, par la chair rebelle à l’esprit, par cette chair corrompuë, contre laquelle il faut combattre sans relâche, jusques au dernier soûpir.

Hélas ! qu’y a-t-il de plus miserable que cette vie, ou l’on n’est jamais sans tribulation, où l’on rencontre par tout des piéges, & des ennemis cachez ?

A peine est-on délivré d’une tentation, qu’il en vient une autre : on n’est pas encore sorti du combat, qu’on est attaqué par de nouveaux ennemis qu’on n’attendoit point.

Comment donc peut-on aimer une vie si pleine d’amertume, & sujette à tant de maux ?