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peines de cerre vie, afin d’éviter les supplices éternels, dont vous êtes menacé.

Croyez-vous que les gens du monde n’ayent rien, ou presque rien à souffrir ! cela ne se trouve point dans ceux-mêmes qui paroissent les plus heureux, & les plus ardens pour le plaisir.

Le Disciple.

Je l’avouë ; mais ils ont d’ailleurs assez dequoi contenrer leurs sens : ils font toûjours leur volonté propre, & ne sentent presque pas leurs peines.

Le Maistre.

Hé bien, je veux que rien ne leur manque, & qu’ils ayent tout ce qu’ils souhaitent : combien pensez-vous que leur joye doive durer ?

Sçachez que les riches si heureux & si contens en ce monde, s’évanouiront comme la fumée, qui se dissipe dans l’air, & qu’en un moment ils perdront le souvenir de leurs délices passez.

Ils ne joüissent même pas de ce faux bonheur durant leur vie, sans beaucoup de crainte, de chagrin, & de dégoût.

Car il arrive souvent que ce qui a servi à leur satisfaction, devient leur supplice. Aussi est-il juste que ceux qui recherchent des plaisirs honteux & criminels, n’en puissent joüir sans