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Il faut la forcer à obéïr, & ne cesser de la maltraiter jusqu’à ce qu’étant soûmise à tout, elle apprenne enfin à se contenter de peu, à ne desirer que les choses les plus communes & les plus simples, & à ne se plaindre jamais de rien.


CHAPITRE XII.
De l’exercice de la patience, & de la mortification des passions.
Le Disciple.

E vois bien, Seigneur, que la patience m’est très-necessaire : car il arrive en ce monde beaucoup d’accidens fâcheux.

Et quelque chose que je fasse pour avoir la paix, jamais je ne serai sans guerre, ni sans douleur.

Le Maistre.

Mon fils, vous avez raison ; aussi ne prétends-je pas que vous recherchiez une paix, où il n’y ait à souffrir ni tentation ni persécution.

Je veux au contraire que vous croyez avoir trouvé la vraye paix, quand vous serez violemment tenté, & éprouvé par de rudes afflictions.

Si vous me dites que vous avez trop peu de forces pour souffrir beaucoup, pensez-vous en avoir assez pour supporter l’ardeur excessive des flâmes du Purgatoire ?

De deux maux, il ne faut point balancer à choisir le moindre.

Endurez donc patiemment les