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Vous m’avez fait un million de fois plus de graces, & témoigné plus d’amour que je ne mérite, & que je n’eusse osé esperer.

Que ferai-je donc, pour vous en marquer ma reconnoissance ? Car tous ne sont pas appellez à quitter le monde, à se depoüiller de leurs biens, & à embrasser la vie religieuse.

Que fais je de considerable, lorsque je vous sers, vous qui dominez sur toutes les créatures ?

Je ne dois pas croire que vous me deviez beaucoup pour mes services : mais j’ai sujet de m’étonner qu’étant pauvre, & méprisable comme je suis, vous daigniez me recevoir au nombre de vos serviteurs.

Je reconnois, ô mon Dieu, que tout ce que j’ai, tout ce que j’employe pour vous, est entierement à vous.

Et cependant on peut dire en quelque maniere que vous me servez plutôt que je ne vous sers.

Le Ciel & la terre que vous avez faits pour la conservation de l’homme, gardent très exactement sur cela ce que vous leur avez ordonné.

Bien plus, vous voulez qu’il soit servi par les Anges mêmes.

En ce qui passe tout ce qu’on peut s’imaginer, vous ne jugez pas qu’il soit indigne de vous de le servir, & de vous donner tout à lui.