Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si vous daignez seulement me regarder, je me sens rempli d’une joye & d’une vigueur extraordinaire.

Ainsi vous me relevez tout d’un coup, & par un effet surprenant de vôtre grace, vous me soûtenez quoique naturellement je tende toûjours en bas.

Je n’en puis attribuer la cause qu’à vôtre bonté qui me prévient gratuitement, qui m’assiste dans mes besoins, qui me preserve de beaucoup de grands dangers, & qui me délivre d’une infinité de maux.

En m’aimant desordonnément, je me suis perdu : mais depuis que j’ai résolu de n’aimer & de ne chercher que vous, je vous ai trouvé, & je me suis retrouvé moi-même, puisque l’amour m’a ouvert les yeux, & que commençant à me connoître, j’ai conçu enfin un plus grand mépris pour moi.

O Dieu de mon cœur, Vous me faites infiniment plus de biens que je n’en mérite, & que je n’oserois en demander ni en esperer.

Soyez beni à jamais, Seigneur, qui par un excés de charité répandez vos benedictions sur des pecheurs, indignes de tout bien sur des ingrats, qui n’ont que de l’aversion pour vous.

Faites-nous la grace de nous attirer à vous, qui êtes nôtre salut, nôtre vertu, nôtre force, afin que nous