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reçoit volontiers tout ce qui flate les sens.

Mais lorsqu’on a resolu de se vaincre tout de bon, & de marcher à grands pas dans la voye de Dieu, on ne trouve plus de peine, ou l’on trouvoit auparavant des difficultez insurmontables.


CHAPITRE V.
De la consideration de nos miseres.

NOus ne devons pas nous fier beaucoup à nôtre propre jugement, parce qu’en mille rencontres la lumiere de la grace, & celle de la raison nous abandonnent.

Nous ne sommes guére éclairez ; encore perdons-nous bien-tôt par nôtre faute, le peu de lumiere que nous avons.

Souvent même nous ne sentons pas nôtre aveuglement.

Nous sommes sujets à faire des fautes, & par une faute encore plus grande, nous nous excusons.

Un emportement de passion nous paroît quelquefois un transport de zele.

Nous reprenons dans le prochain de petits défauts & nous nous en pardonnons de beaucoup plus grands.

Nous ressentons vivement ce que nous avons à souffrir des autres ; & nous ne remarquons pas ce qu’ils ont à souffrir de nous.