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À LESBOS

Elle n’en pouvait plus douter.

Elle était une paria.

Eugène Badère, un infâme, avait pu lui reprocher une faute qu’elle n’avait pas commise.

L’hérédité !

Un instant affaissée, elle se releva plus fière et plus altière que jamais.

— Mère, dit-elle, le monde a le droit de me mépriser, de me repousser, de me vouer au désespoir, au suicide, parce que je suis malheureuse ! Des lois, basées sur l’hypocrisie et l’apparence, me condamnent à demeurer obscure et pauvre toute ma vie. Vouloir vaincre les préjugés de cette société sans pitié est un acte de folie, un défi audacieux. Eh bien, j’accepte le défi ! Je jure de m’imposer à ce monde qui veut me chasser, et l’obliger à me donner une place parmi ceux qu’il honore et qu’il admire.

Madame Fernez eut un geste de sombre désespoir !

Sa fille devenait-elle folle ?


À Lesbos, vignette fin de chapitre
À Lesbos, vignette fin de chapitre